De l'autre côté

 



DE L’AUTRE CÔTÉ

Par Wideline Maeusli

 

Maria est sur le point de s’endormir. Elle repense aux dernières semaines et à toutes les difficultés auxquelles elle a dû faire face. Parfois, elle se demande comment se fait-il qu’elle tienne encore debout. Elle trouve son quotidien trop lourd à porter. Elle n’est pas suicidaire, mais il lui arrive de penser que la mort résoudrait une grande partie de ses soucis. Mais c’est une combattante, elle n’en serait pas capable.

 

Une fois ses idées sombres évacuées, comme à son habitude, Maria revient à elle et se met à réfléchir à des solutions. Elle ne manque jamais d’idées ! Elle a passé sa vie à affronter les tempêtes de l’existence. A force, elle est devenue une « pro » de la survie et du plan B. La facilité ? Elle en rêve ! Mais pour l’instant, il s’agit d’un mot qu’elle ne sait pas encore épeler. 

   


Soudainement, Maria se réveille ! Elle est trempée de sueur. Sa lampe de chevet est allumée. Hier soir, elle s’est certainement endormie avant de penser à l’éteindre. Elle vérifie l’heure. Il est cinq heures du matin. Elle a la sensation d’avoir fait un rêve particulier. Mais malgré ses efforts, il lui est impossible de s’en rappeler. 

 

Maria se lève pour aller boire et enfiler des vêtements secs. Au moment où elle pose la main sur la poignée de la porte de sa chambre, le sol se met à trembler sous ses pieds. Elle a à peine le temps de se demander ce qu’il se passe que la secousse est déjà terminée.

 

Maria retourne au lit et tente de se rendormir. Mais à chaque fois qu’elle ferme les yeux, elle a la sensation que sa tête tourne sur elle-même. Comme si elle se trouvait à l’intérieur d’une boule en train de rouler.




Aux environs de neuf heures, Maria se réveille naturellement. Elle se prépare et commence sa journée, sans repenser, une seule seconde, à sa drôle de nuit.





Depuis cette nuit, Maria ne s’en est pas rendue compte, mais au fur et à mesure des jours et des semaines qui ont suivi, tous ses problèmes ont trouvé une solution.





Quelques mois plus tard, Maria rencontre Sam. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas eu l’occasion d’échanger avec une personne aussi agréable. Une personne aussi… humaine.

A force d’être confrontée à des personnalités manipulatrices et pour la plupart malintentionnées, elle a développé des capacités inconscientes d’analyse verbale et gestuelle. Elle en a même fait son métier.

Mais avec Sam, Maria ne détecte rien de malsain. Il a vraiment l’air bienveillant. Il ne fait pas semblant.





Depuis leur rencontre, Maria et Sam se retrouvent régulièrement autour d’un café. Et ainsi, ils rigolent et refont le monde. Il est l’ami qu’elle a toujours attendu. 





Un jour, Sam lui raconte un de ses rêves particulièrement troublant :

« J’ai vu deux loups blancs. À la suite d’un tremblement de terre, la forêt, dans laquelle ils se trouvaient, s’est mise à brûler et à s’effondrer sur elle-même. C’est comme si leur monde était en train de disparaître. Pour se sauver, ils n’avaient pas le choix. Ils devaient sauter à travers un miroir, qui se trouvait là.

De l’autre côté du miroir, les deux loups se sont retrouvés à nouveau dans une forêt. Il s’agissait de la même forêt. Par peur, les deux loups l’ont parcouru de long en large. Mais pas de tremblement de terre, pas de feu et pas d’effondrement.

C’était la même forêt mais… en mieux. Leur habitat était au même endroit, mais plus confortable. La meute semblait être identique, mais certains membres déplaisants n’étaient plus là. Et les proies n’avaient jamais été aussi nombreuses et faciles à chasser. On aurait dit qu’ils avaient changé de réalité ! »


 Sam a terminé de raconter son rêve. Maria, troublée, les yeux écarquillés, le regarde fixement. Pourquoi a-t-elle l’impression de connaître cette histoire ? Comme si elle l’avait elle-même vécue.


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